Jour 22 : 10/08. De l'intégration au départ.

Publié le par Bamilona-ben

Il y a deux jours, la soeur de Ganga est arrivée et Ariuka nous a demandé si nous avions du désinfectant : une vache lui a marché sur le pied, lui enlevant l’ongle. Les filles déroulent le désinfectant, les compresses et le strapping. Nous ressentons à travers cet épisode la rareté des médicaments. 

 

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Cassie. Ce sont de petits détails comme ça qui prennent leur importance. La journée est très calme chez Batsukh et Ganga. 

Le réveil se fait en douceur : un des habitants du campement ( souvent Ganga ) soulève le capuchon qui ferme le dessus de la yourte, laissant entrer le soleil. 

 

Ce matin-là, nous faisons l’aruul avec Ana, sans mongol pour nous épauler ! Nous sommes plutôt fières … Hélas, il n’a sans doute pas assez séché et il éclate en mille morceaux … Impossible à découper, nous récupérons les miettes et en les tassant dans nos mains, nous en faisons des “chameaux”, dont les bosses sont la marque de nos phalanges.  Je m’en sors infiniment mieux que la première fois et ça me soulage un peu : la famille n’a pas fait un mauvais investissement en nous adoptant ! 

 

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Ganga, de son côté, passe la journée à fabriquer nos boutons de deels ( “ dotch margaash”, les boutons demain, nous a dit la veille sa fille aînée Tuvchen. ) 

Puis toutes les femmes du campement se volatilisent en un instant selon un code secret ( pour nous !!! ) et quand elles reviennent, elles sont lavées. 

 

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Cependant, si nous sommes plus qu’à l’aise dans cet environnement, ce n’est pas le cas de nos chevaux. L’herbe du Bulgan leur manque … Ils s’énervent, tournent autour des arbres et finissent par s’échapper en fin d’après-midi. Barbara saute alors sur le premier cheval de Batsukh, s’attirant l’admiration des mongols ( et de ses coéquipières ). Nous passons un temps fou à essayer de les rattraper, et finalement les yaks que nous devions aller chercher à cheval reviennent seuls de la montagne ! D’ailleurs, plus généralement, nous ne comprenons rien aux troupeaux : impossible à nos yeux de voir où ils vont paître et nous avons l’impression de ne pas toujours ramener les mêmes bêtes … 

 

Au menu ce soir-là, quelques marmottes chassées par Batsukh dès le lever du jour et dépecées sur le sol de la ger par Aagii ( sous l’oeil attentif de Tsegui ). Toute la famille est très contente et cela se termine en pique-nique familial entre les deux gers ! Le goût me paraît plus fin que lorsque l’animal est cuit dans les braises. Avec Barbara, nous mangeons un peu de la tête … et avons ainsi l’impression de parfaire notre intégration ! 

Ensuite, une soirée basket est prévue dans le voisinage : les filles se sont faites belles ( nous sommes crasseuses à côté ) et nous partons jouer contre des brutes épaisses… Je marque quand même un panier pour sauver l’honneur de la nation française ! C’est Aagii qui nous emmène dans une jeep d’un autre âge : le klaxon est un fil rouge qu’il faut connecter sur l’axe métallique du volant. Nous calons et reculons en démarrant dans les pentes : c’est le fou rire dans la petite bagnole. 

 

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Lorsque nous rentrons, on nous annonce que le départ est prévu pour le lendemain.  Nous explosons, moi particulièrement : rien ne nous a été dit, nous comptions écrire des lettres à la famille, … Le départ va être dur car nous nous sommes chacune intégrées à notre manière … Encore une fois, Ariuka a elle aussi été prévenue à la dernière minute : il faut partir car les chevaux ne mangent plus. 

En explosant de colère vers 23 heures, je viole sans le savoir une tradition mongole. Celle-ci nous sera expliquée environ une journée plus tard : en Mongolie, on ne se fache ni le soir ni le matin, surtout la veille d’un départ. 


La nuit est courte et agitée, sous le signe de la tristesse et de la contrariété

 

Laure

 

 

Publié dans Jour pour Jour .

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